La seconde grande conférence de presse donnée jeudi par le président fran?ais Fran?ois Hollande depuis le début de son quinquennat il y a un an a suscité bon nombre de commentaires de la part de la classe politique, la majorité PS saluant "l' offensive" de son chef et la droite dénon?ant une "erreur d'analyse" et un manque de solutions.
Lors de cette conférence de presse qui a duré plus de deux heures et demie jeudi après-midi à l'Elysée devant quelque 400 journalistes et l' ensemble des ministres, M. Hollande a abordé les grands sujets économiques et sociaux tels que la réforme des retraites, l' inversion de la courbe du ch?mage, le retour de la croissance du pays récemment entré en récession, le pouvoir d'achat, mais aussi les dossiers internationaux comme le Mali et l'Europe qu' il souhaite faire sortir de "sa langueur".
"Comme tous les membres de mon gouvernement je ressors de la conférence de presse plus déterminé que jamais à poursuivre le redressement de la France", a immédiatement réagi sur Twitter le Premier ministre Jean-Marc à l' issue de la conférence, avant de saluer dans un second message "l'initiative audacieuse du Président de la République pour relancer le projet européen".
"Lors de sa conférence de presse, le président de la République vient d'ouvrir une nouvelle phase, d'offensive, pour sortir la France de la crise", a de son c?té estimé jeudi soir dans un communiqué le premier secrétaire du Parti socialiste Harlem Désir.
"La première année du quinquennat était une année de réparation de la France, elle a posé les fondements du changement, la deuxième année sera celle de l'espérance et de la force retrouvées pour notre pays", a-t-il poursuivi.
S' exprimant jeudi sur Europe 1 après la conférence, le co-président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a quant à lui déploré "la confirmation de la conversion libérale de Fran?ois Hollande".
Invité vendredi matin sur France 2, Fran?ois Bayrou, président du parti centriste MoDem, a parlé d'une "intervention de bon niveau", saluant à son tour l'"annonce décisive" faite par Fran?ois Hollande qui s' est engagé à proposer "un gouvernement pour l'économie de la zone euro".
"Il y a eu l'affirmation d'une ligne dont je pense qu'elle est la seule possible pour la nation : la ligne réformiste", a ajouté M. Bayrou, déplorant néanmoins que "les très grandes réformes des piliers de la société fran?aise aujourd'hui lézardés n'ont pas été abordées : rien ou presque sur l'éducation, le marché du travail".
Pour Jean-Louis Borloo, président du parti centriste UDI, qui s' est exprimé devant la presse à l' issue de la conférence, le président Hollande a effectué un "bon exercice démocratique mais en total décalage avec la récession".
"Je salue le fait que le président Hollande ait enfin répondu à la proposition initiale de l'été 2011 de Mme Merkel et de M. Sarkozy sur un gouvernement économique (...) c'est une avancée qui rompt avec la politique de la France de la dernière année", s' est-il lui aussi félicité.
Dans un communiqué publié jeudi soir, Jean-Philippe Magnen, porte-parole national du parti écologiste EELV a parlé pour sa part d' "une offensive trop timide".
"Faute d' un diagnostic juste sur les raisons réelles de la crise, l' offensive annoncée est encore trop timide", a-t-il déploré.
"Affirmer que seul le retour de la croissance permettra de sortir de la récession est inquiétant. Il faut rompre avec ce modèle de développement obsolète et inefficace, producteur d' inégalités et de ch?mage", a-t-il poursuivi.
Invité vendredi matin sur France Inter, l' ancien Premier ministre et député UMP Fran?ois Fillon a estimé que "le président a été offensif dans la forme" mais "pas sur le fond", lui reprochant une "erreur d'analyse" en continuant "de penser que la France n'est pas dans la même situation que les autres puissances économiques mondiales".
"Nous sommes le pays qui travaille le moins, qui investit le moins et qui dépense le plus", a également critiqué M. Fillon.
Concernant le gouvernement économique souhaité par Fran?ois Hollande à l'échelle européenne, l' ancien Premier ministre a enfin rappelé que ?a "a été le combat de tout le quinquennat de Nicolas Sarkozy" et qu' "il faut un climat de confiance entre la France et l'Allemagne".
Pour la présidente du Front national Marine Le Pen, qui a réagi jeudi par voie de communiqué, "Fran?ois Hollande est désormais clairement installé dans son r?le de petit porte-parole de la Commission de Bruxelles" et "a clairement abdiqué face aux injonctions européennes et allemandes de l'austérité à tout crin".
Selon elle, le chef de l' Etat s'est montré "servile et déterminé à continuer d'enfoncer notre pays pour sauver les dogmes européens, avec la promesse d'une aggravation à venir de la politique suicidaire d'austérité".
Pour Thierry Lepaon, secrétaire général du syndicat CGT, qui s' est exprimé jeudi à l' issue de la conférence, Fran?ois Hollande reste "en-dehors des préoccupations des Fran?ais, qui sont la question des salaires et de l'emploi, notamment industriel. Sur ces deux questions-là, il n'y a aucune réponse concrète qui puisse laisser entendre qu'on ait une amélioration".
Quant au Medef, la principale organisation patronale du pays, il a salué jeudi dans un communiqué "l'engagement résolument européen du Président de la République en direction d'un gouvernement économique de la zone euro" qui "correspond à la vision que le Medef promeut".
Il s' est également félicité de "l'exigence de compétitivité" voulue par le président de la République, notant que "le Medef encourage cette ligne et appelle à développer une politique plus ambitieuse de réduction budgétaire".